Démagogie

Cet article a été publié il y a 16 ans. Son contenu est sans doute daté, tant sur la forme que sur le fond... Toutefois, cela n’empêche pas d'échanger à son propos. N'hésitez donc pas à vous exprimer en commentaires à la fin de l'article.

Je me l’étais pourtant promis. Pas de politique sur mon blog. Mais en voyant cette vidéo qui circule dans le petit monde de la recherche, je ne peux pas m’empêcher de vous la faire partager…

Avant tout, je tiens à dire que le débat ne porte absolument pas sur les orientations ou les courants politiques du type « gauche c’est mieux que droite » ou « en haut c’est mieux qu’en bas ». Je ne vous fais partager cette vidéo que pour vous prouver à quel point il est facile de raconter tout et n’importe quoi sur un sujet, et que ça passe complètement inaperçu quand on ne connait pas trop le domaine…

Lire la vidéo

Notez qu’il faut toujours prendre ce genre de vidéo avec des pincettes. Mais dans celle-ci, on appréciera que les sources soient citées pour chaque donnée confrontée au discourt.

Geek bordelais, féru de science, amoureux de technologies, mordu de SF, amateur de fantasy, épris de jeux en tous genre, adepte de réflexions diverses. Et j'aime le canard, aussi.

16 commentaires

  1. Hum… Bon, vu que j’ai relayé cette vidéo sur Facebook, et que c’est peut-être par moi que tu as été amené à la voir, je vais préciser certaines choses :

    – c’est un fait que le procédé du montage est un outil extrêmement puissant en terme de propagande, on le sait depuis les travaux poussés des cinéastes de l’école soviétique russe ; en l’occurrence, dans cette vidéo-ci, les plans du discours de M. S sont très courts, parfois repris à plusieurs reprise au cours de la vidéo, et donc peu représentatifs du discours qu’a tenu M. S dans sa logique argumentaire, forcément bâtie sur la longueur. Par contre, même en tenant compte de ces biais, il est indiscutable que les phrases ici n’ont pas été reconstruite (on sentirait le mixage), et donc si le contenu du discours de M. S reste trop fragmenté, le ton et le vocabulaire employés sont eux très clairs.

    – effectivement, comme tu l’a dit, les sources sont indiquées. Et cela ne veut pas dire "il faut faire entièrement confiance dans ce que dit cette vidéo", mais "peut-être vaut-il la peine d’aller jeter un oeil sur les sources". Car c’est ça la raison de ce clip, très court, sur une plate-forme telle que Facebook : non une vidéo de contenu, mais quelque chose qui attire l’attention, et mène vers un lien.
    Si un lien hypertexte se démarque en couleur au milieu d’une page de texte, une vidéo est encore plus visible ; et son autre utilité est qu’elle indique de quoi parle le lien, alors que la plupart des liens sur FB n’ont pas d’intitulé autre que l’adresse elle-même (cf. les liens vers Deezer : on est "obligé" d’aller voir pour savoir à quel morceau correspond le numéro d’adresse…)

    Après, la vidéo ne peut de toute manière pas être "plus" démagogique que le discours auquel elle répond, qui est par essence politisé (on sait bien que le seul moyen d’avoir une idée vague de la question est de comparer les discours de ceux au pouvoir et de l’opposition – en fait, même, DES oppositions – mais que ne voir qu’un seul côté est toujours partial).

  2. Ah ? Je ne savais pas que tu l’avais relayée sur Facebook. En fait, je ne l’ai pas du tout eu par toi, mais par des collègues.

    Je suis entièrement d’accord avec toi sur la première moitié de ton commentaire. Ce genre de vidéo est à prendre avec précaution, mais le fait que les sources soient précisées invite à aller voir plus loin, et non pas à critiquer à partir de rien d’autre que du montage.

    Concernant ton dernier paragraphe, je suis moins d’accord. Un détail de taille différencie de discourt de ce qui lui ai répondu : toujours les sources. Ce que M. S affirme sans source, le montage lui renvoie le contraire avec source. Quand il dit que les chercheurs français ne publient pas assez alors qu’on est 4eme au rang mondial, ce n’est plus vraiment que question de point de vue…

  3. Moi je t’avoue que ce genre de vidéo me fait beaucoup rire. Le pire est qu’elle a été fait par un universitaire. Ils citent des sources oui mais tu sais tout comme moi qu’on peut faire dire ce qu’on veut à un graphique.

    En terme de budget, le graphique montrant la baisse est assez drôle car montrer un graphique global concernant le budget de la recherche ne veut rien dire si ce n’est qu’il a en effet baissé, mais où sont allés les baisses ? Ont-elles impactés la capacité réelle à faire de la recherche où était-ce pour diminuer les frais de gestion en restructurant ? La vidéo n’en parle pas. Elle ne fait que montrer un graphique en donnant des sources pour tenter de ce justifier. Il faudrait aller plus en profondeur… (attention je ne dis pas que la baisse est justifiée)

    Quant à l’évaluation et l’argument donné par la personne qui a monté la vidéo, je rigole une fois de plus. L’évaluation des chercheurs est faite par leurs pairs, je l’approuve totalement. Elle ne devrait cependant pas se limiter à ce point-là. C’est comme si on me disait que j’étais évaluer par le développeur juste à côté de moi; comme si on disait aux pilotes de ligne de se contrôler entre eux sans habilitations.
    La recherche est financer, c’est aussi à celui qui finance d’évaluer. Son évaluation ne doit pas être totale pour ne pas pencher vers un système où on ne financerait que ce qui serait rentable.

  4. Aaaah ! Voilà la réaction que j’attendais ! Et je n’en attendais pas moins de toi, l’ami ! ^_^

    Concernant le graphique, je suis globalement d’accord avec toi. C’est un peu gros. Mais d’un autre coté, tu reconnaitras qu’il serait étonnant que seule la droite optimise l’administration de la recherche. Et il serait tout aussi étonnant que de simples restructurations fassent autant varier le budget…

    Concernant l’évaluation, il faut savoir que c’est assez compliqué en France. Les publications de chercheurs (de "simples" articles dans des revues spécialisées) sont évaluées par leur pair, et il ne saurait en être autrement pour comprendre le contenu de tels articles. Par ailleurs, en France, l’enseignant-chercheur a trois métiers en même temps : chercheur, enseignant et gestionnaire administratif. Or, il n’est évalué que sur ses publications ! C’est là qu’est le premier problème ! Le second étant que logiquement, une seule personne ne peut pas faire les 3 en même temps, et encore moins avec les baisses constantes de budget.

    D’où le nombre de chercheurs qui, se basant sur leurs seules évaluations (de leur publications, donc), négligent leurs équipes et font des cours de m*rde… Si on veut évaluer un enseignant-chercheur de manière intelligente, il faut commencer par lui demander de faire des choses intelligentes, avec des moyens cohérents, ce qui n’est actuellement pas le cas.

    Mais je me suis un peu égaré. 🙂

    Concernant le financier qui doit pouvoir évaluer son chercheur, je suis très dubitatif. La recherche pure est le moteur du progrès. Or, elle n’est certainement pas rentable en soi, et peut n’avoir des applications que des décennies plus tard. Aux yeux d’un financier, c’est inconcevable (au sens propre).

  5. Je suis bien d’accord avec pour dire que certaines recherches coûtent énormément sans être rentable, si cela se trouve sans jamais être rentable, et c’est d’ailleurs normales.

    Cependant certaines peuvent l’être et c’est sur celles-ci qu’il faut intervenir. La recherche est devenu un outil de compétition économique entre les pays, notamment via le biais de dépôt de brevet et d’industrialisation de ce qui est découvert. C’est bien souvent de ce côté que nous péchons en France.

    Je considère qu’il est normal qu’on demande à un chercheur d’être un enseignant, c’est ce que font la plupart des pays industrialisés. Par contre il n’est pas normal qu’un chercheur soir un gestionnaire administratif. Je ne dis pas qu’ils n’en ont pas les compétences loin de là. La gestion implique malheureusement qu’on ne peut pas se spécialiser dans un domaine précis parce que les tâches administratives encombrent une partie du temps…

    Je ne parle pas pour les domaines littéraires mais pour ce qui est du scientifique, une publication ne suffit pas à évaluer un projet. Il est nécessaire d’en évaluer l’évolution, l’utilité à court, moyen ou long terme, ainsi que les diverses implications dans le monde de l’industrie, comme peuvent le faire nos voisins.

  6. En ce qui concerne le brevets, là aussi c’est relatif. En fait, c’est même surtout un question de culture.

    En France, on ne brevète que quand on tient un "gros truc". Chez les anglo-saxons, on brevète dés qu’on ajoute un rivet. C’est deux façons de faire différentes ; la façon dont on fait en France ne nous a jamais mis sur le banc de la course industrielle.

    Pour ce qui est des enseignants chercheurs, je n’ai peut-être pas été clair, mais il est évident pour moi qu’un chercheur doit bien rester enseignant en parallèle, mais n’a pas à faire de taches administratives. De toute façon, on le voit vite quand on est étudiant à la fac : y’a les prof chercheurs et y’a les profs gestionnaires…

    Pour revenir à l’évaluation des chercheurs, c’est parce que tu résonnes en terme de projet industriel (et c’est normal vu ta formation). Mais science et ingénierie sont deux choses très différentes ! Par exemple, à mon labo, je suis le seul à avoir des contacts industriel, à avoir des revues de projet et des réunions. Les autres thésards n’ont rien de tout ça, car ils font de la recherche pure. Je ne vois pas trop comment tu peux évaluer quelque chose dont on est même pas sûr que ça aboutira vraiment (c’est le principe de la Recherche avec un grand #).

  7. Euh… Concernant les brevets, juste un détail : Tharkun, tu parles dans quelle échelle de temps quand tu emploies le verbe "est devenu" ?

    Parce que c’est loin d’être une nouveauté ! Pour parler de ce que je connais, en terme de cinéma, il y a eu une réelle "guerre des brevets" au début de son histoire (en simplifiant énormément, frères Lumière, France vs Edison, US), et ça remonte quand même à un siècle déjà…

    Ce que je veux dire par cet exemple, c’est que la France a toujours eu une attitude différente des anglo-saxons vis-à-vis des brevets, mais si ça ne l’a pas coulé en un siècle (soit sur les deux dernières révolutions industrielles), c’est que ce n’est pas forcément le péché le plus critique de la Recherche actuelle…

  8. La recherche pure est quelque chose que nous ne pouvons ignorer je suis bien d’accord. Elle doit même être encouragée. Seulement nous sommes à mon sens arrivés (notre société) à un tel point de connaissance qu’il devient de plus en plus difficile de pousser la recherche encore plus, notamment parce que les coûts engendrés sont énormes.

    C’est ici que doivent intervenir les capitaux privés, non pas pour financer et orienter la recherche, mais uniquement pour la financer de façon massive, parce que l’argent de l’état ne suffira jamais.

    Par contre, recherche pure et application réelle sont en réalité très liées, beaucoup plus qu’on ne le croît. En effet la mise en application vient bien souvent d’une théorie complexe qu’une ou qu’un groupe de personnes ont rationalisé, "vulgarisé".

    Il faut à mon sens trouvé un équilibre entre la proportion de personnes qui font de la recherche pure et ceux qui font de la recherche pratique ayant une finalité acquise dès le début du projet. Je pense qu’il vaut mieux favoris des milliers de petites avancées plutôt que de vouloir sortir quelques grosses avancés.

    De mon point de vue, une personne qui fait de longues études dans un domaine a ce qu’on appelle des compétences verticales qui lui permettent de se vendre en tant qu’expert dans ce domaine. C’est pourquoi je trouve cela dommage de demander à ces experts de faire de la gestion…

  9. @Dark Para :

    Si l’on regarde bien, la France est experte dans les domaines de très hautes technologies, domaine dans lequel on ne pose pas de brevet car cela signifie rendre public ces découvertes. Dans des domaines de masse nous avons la même logique "ne breveter que LE truc énorme".

    Et tu dis que cela ne nous a pas coulé, mais aujourd’hui la France n’est plus un pays industriel, c’est un pays de service, de tertiaire, au contraire de l’Allemagne par exemple.

  10. je ne discuterais pas sur le fond, je n’ai pas plus d’info, ni le temps d’aller en trouver.

    Par contre, sur la forme, je trouve affligeant la façon dont s’exprime notre président … Quelle richesse de vocabulaire, quelle élegance des mouvements…

    Sinon, pour la recherche, c’est normal qu’elle ne produise pas de résultats, du moins à court terme. On appelle ça de la recherche fondamentale, qui cherchent de nouvelles bases pour des évolutions qui elles, pourront peut être être rentable, ou ammeliorer le monde (je suis optimiste)
    (désolé, commentaire court sur article qui en mérite plus, mais manque de temps …)

  11. Bon, je reconnais ne pas avoir encore lu entièrement tous les pavés de commentaires qui précèdent, donc je vais peut-être répéter ce qui a déjà été dit.

    Je suis tout à fait d’accord avec Lyr sur les mimiques de notre président et son vocabulaire riche et diversifié. On se sent fier d’être Français quand on est représenté ainsi.

    Concernant le fond du discours, je trouve tout aussi alligeant le fait de parler de "rentabilité de la recherche", mot qui n’a pas été défini d’ailleurs. C’est quoi, ça, la rentabilité ? C’est quoi un truc rentable ? C’est quelque chose qui, si on y a investi x euros, va recracher plus de x euros à terme ? (alors si seuls de tels projets valent le coup, autant aller s’acheter une corde).

    Et, comment on fait pour voir si un domaine de recherche va être rentable ? Ah bah, c’est facile ça, on a une illumination qui permet de voir l’usage merveilleux de sa découverte (à moins que ce ne soit les fameuses personnes qui ne sont pas chercheurs et qui doivent évaluer les chercheurs).

    Ainsi, George Boole (1815-1864) imagina une nouvelle forme de logique, sous forme de 0 et de 1. Lorsque des politiciens éclairés lui firent remarquer que tout cela ne servait strictement à rien, à part à compter jusqu’à 31 avec une seule main, il répondit : "mais, ô grand homme, dans un siècle, je le vois, mon invention sera utile, et tout le monde l’utilisera."

    Voilà pour la recherche fondamentale. Maintenant, je suis à fait d’accord qu’il est nécessaire de faire des ponts entre la recherche appliquée et les entreprises. Mais, c’est aussi aux industriels qu’il faudrait le dire, non ?

  12. @ Lyr & Eldermê :

    Effectivement, je n’avais pas noté le forme plus que cela, mais M. S a une façon de s’exprimmer assez étrange, pour un élu du peuple. Cela dit, cette façon de parler "comme tout le monde" a sans doute contribué à son élection.

    Sinon, je suis assez d’accord avec vos remarques sur la recherche fondamentale.

    @ Eldermê :

    Ben, mine de rien, ça a bien soufflé vers 1h du matin ! Au départ, j’avais laissé la fenetre ouverte pour écouter le vent à travers les volets ; mais les grincements inquiétant de ses derniers me l’ont finalement fait fermer.

    @ Fufu :

    Merci !!! 🙂

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