« Fachos, hors de nos facs »

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Cet article a été publié il y a 15 ans. Son contenu est sans doute daté, tant sur la forme que sur le fond... Toutefois, cela n’empêche pas d'échanger à son propos. N'hésitez donc pas à vous exprimer en commentaires à la fin de l'article.

Hier, j’ai eu besoin d’aller à la BU 1 de Lettres. Il faut avouer que pour un scientifique, c’est déjà une aventure en soit (d’ailleurs, ils ont une BU impressionnante). Mais j’ai été assez choqué de constater que contrairement à la fac de Science, qui est délabrée et usée, la fac de Lettre est… dégradée ! On remarque en particulier un très grand nombre de tags. Et c’est donc à l’entrée de la BU que j’ai observé le tag suivant :

« Fachos, hors de nos facs » – A

Je regrette un peu de ne pas avoir pris de photo pour illustrer mon propos…

Mais ce tag m’a choqué, de par son contre-sens, il me semble. Si fachos il y a, il faut justement les conduire en fac, afin de leur ouvrir les yeux, et l’esprit. Non ? Quel serait ce monde où les institutions du Savoir seraient précisément fermées à ceux qui ont l’esprit le plus étroit ?!

D’ailleurs, à ce titre, le tag était signé du symbole de l’Anarchie, que l’on pourrait associer à l’extrême gauche. Sans revenir sur le tag d’une bibliothèque en lui-même, on peut s’interroger sur l’interdiction du Savoir à un extrême, et non à l’autre…

Cette réflexion m’a alors menée vers une autre constatation… Dans la société française (et probablement dans le reste du monde), j’ai l’impression que l’extrême gauche et infiniment mieux vue que l’extrême droite. Les premiers sont souvent, au pire, vus comme des idéalistes un peu originaux. Alors que les second sont presque toujours assimilés à des dictateurs en puissance.

Il me semble que dans les deux cas, on est en présence d’extrêmes qui ont, dans les deux cas, des idées assez dangereuses. Donc, je n’ai jamais compris ces reflets différents renvoyés par ces deux mouvances politiques.

D’ailleurs, au seul regard de l’Histoire, il me semble que l’extrême gauche à fait nettement plus de victimes que l’extrême droite…

Afin de conclure, je ne suis donc certainement pas favorable à ce que l’extrême droite soit mieux vue ; je suis juste étonné que l’extrême gauche soit traditionnellement si bien vue… Et pour en revenir au sujet de départ, la bêtise et le contre-sens de ce tag m’auraient presque fait rire, s’il n’y avait pas une personne qui en soit à l’origine, et qui l’a donc écrit avec le plus grand sérieux.

  1. Bibliothèque Universitaire.[]

Geek bordelais, féru de science, amoureux de technologies, mordu de SF, amateur de fantasy, épris de jeux en tous genre, adepte de réflexions diverses. Et j'aime le canard, aussi.

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  1. L’extrême gauche mieux vue que l’extrême droite ? Ça, mon cher, j’en suis loin d’être convaincu… Preuve en est, qu’à l’échelle européenne, et même française, les politiciens explicitement d’extrême droite détiennent une part des postes d’élus, ce qui n’est pas le cas de l’extrême gauche (voir par exemple l’Italie ou l’Autriche…)

    Cependant, c’est vrai que l’évocation de l’extrême droite a tendance à plus faire frissonner les gens.
    Et ce que j’ai écrit ci-dessus en est une première cause : historiquement, l’extrême gauche n’a plus approché le pouvoir depuis au moins un quart de siècle, tandis que l’extrême droite y a goûté a plusieurs reprises… c’est sans doute pour ça que les adversaires de l’extrême droite te semblent plus vifs que ceux de l’extrême gauche, ils sentent réellement menacés, tandis que les gauchistes ne sont que des doux rêveurs…

    Pour ce qui est du décompte des victimes, d’où te viennent tes sources, mon cher ? La majeure partie des dictatures d’Amérique du Sud étaient d’extrême droite (les USA n’ont échoué à « protéger » que Cuba), l’Europe centrale et le Japon pré-deuxième guerre mondiale aussi (et on connaît « l’efficacité » des nazis). Face à ça, on a l’URSS et Stalinienne, la Corée du Nord et les khmers rouges…
    Difficile je crois de déclarer un des camps « gentil » !
    La différence, car il y en a une, c’est que l’extrême gauche se présente toujours comme honteuse des excès du passé, alors que l’extrème droite, elle, a tendance à entretenir un culte des idoles sanguinaires ; c’est là la deuxième explication que je peux fournir à ta constatation…

    Il faut savoir aussi, que, en France, on est suffisamment loin du mur de Berlin pour que, historiquement, la gauche n’est jamais (ou presque) été « méchante » : dans l’histoire récente, le PCF n’a été au pouvoir qu’en alliance avec les socialistes, dans des gouvernements donc surtout engagés dans le progressisme social « doux », pas révolutionnaire. Qui se souvient des attentats anarchistes des années 1910 ? Personne. Qui placerait la Terreur des années 1790 sur le dos de la gauche ? Personne. Donc la gauche n’a fait aucune victime « chez nous », contrairement au régime de Vichy, que les livres d’histoire refusent encore de classer parmi la succession des régimes français, mais plutôt comme une parenthèse…

  2. +1 darkpara

    Et c’est aussi une question de génération. Nous avons peu ou pas connu le communisme « au mieux de sa forme ». À part de vagues souvenirs d’URSS et ex-URSS à l’école, je ne l’ai pas vraiment vécu, contrairement à nos parents et surtout grand-parents qui ont pu lire dans les journaux les désastres provoqués en Allemagne de l’Est.

    Il reste cependant un pays où le communisme garde sa place : la Chine; et ces derniers temps le net en parle. Mais rarement en rapport avec leur idéologie politique.

  3. « L’extrême gauche mieux vue que l’extrême droite ? Ça, mon cher, j’en suis loin d’être convaincu… Preuve en est, qu’à l’échelle européenne, et même française, les politiciens explicitement d’extrême droite détiennent une part des postes d’élus, ce qui n’est pas le cas de l’extrême gauche (voir par exemple l’Italie ou l’Autriche…) »
    J’expliquerais davantage cela par le fait que l’extrême gauche m’a l’air plus morcelée que l’extrême droite… En caricaturant un peu : « dès qu’on prend 2 personnes d’extrême gauche, elles expriment 3 opinions différentes » 😉

    Pour le reste, je suis plutôt d’accord.

  4. Mouais, qu’en à classer l’anarchie dans l’extrème gauche… je ne m’y fierais pas ! Ca, c’est un de nos problèmes en politique, de vouloir absolument tout classer comme de droite ou de gauche. Il y a peut être d’autres axe aussi ! Et si l’ultra gauche c’est la regularisation de tout par l’état, l’anarchisme c’est la regularisation de tout par les individus.
    Personnellement, j’adore les idées anarchistes, même si je pense qu’elles sont completement utopique et inapplicable. Ca reste un beau rêve, que celui où l’homme serait suffisement raisonnable pour s’autogérer sans avoir besoin d’une structure supérieur pour le contraindre et l’encadrer…

    Et personnellement, ce genre de tag, je leur accorde l’attention qu’ils méritent, soit aucune. Non, ce qui me choque plus, c’est l’état de délabrement de la BU, et le fait que les tags n’aient pas été nettoyés. Je ne comprend pas comment on peut s’en prendre à une BU, et la laisser dans cette état là…

    Une question me tourne pas mal dans l’esprit depuis déjà pas mal de temps…

    On va où ?

  5. @ Dark Para :

    C’est vrai que l’extrême droite est souvent plus élue que l’extrême gauche… Mais comme dit Eldermê, c’est certainement dû à un morcellement de l’extrême gauche.

    Pour le nombre de victimes, je me fiait vaguement à me souvenirs d’histoire géo. Après une rapide recherche sur google, on trouve (à le louche) 6’000’000 de victimes pour le nazisme, contre 20’000’000 pour le stalinisme. A cela, il faut ajouter les victimes des dictatures sud-américaines, mais aussi celles du communisme asiatique (tibet, corée, viet-nam…). Donc, toujours à la louche, je pense quand même que l’extrême gauche a globalement fait plus de victimes que l’extrême droite. Cela dit, on n’est pas à un concours non plus… Et je ne tiens certainement pas à faire d’un camps les « gentils », et de l’autre les « méchants ».

    @ Fufu :

    On n’a pas connu directement le communisme en grande forme, mais pas plus que le fascisme, si ?

    @ Lyr :

    Tu soulève un autre problème, Lyr. Et je suis assez d’accord avec toi. Classer en terme de gauche ou de droite, c’est déjà énormément réduire. Pour ma part, il y a des idées qui me plaisent des deux cotés. Mais le cas de cette citation, je pense qu’on a vraiment à faire à un groupuscule d’extrême gauche. Cela dit, une anarchie paisible telle que tu la décrit me plairait bien aussi !

    @ Yudei :

    Cool ! Je pourrai prendre mon arc ?!

    Conclusion…

    En récapitulation de mon avis sur la question, il m’est venu une pensée dans la journée : « L’opposé d’un extrême n’est pas l’autre extrême : c’est la tempérance de l’équilibre entre les deux. » Sur ce, bonne nuit ! ^_^

  6. Depuis le début, vous débattez comme si le tagueur était vraiment un anarchiste. L’inscription laisserait plutôt penser qu’il n’a pas une très bonne culture politique – ou bien pas suffisamment de réflexion. Il est grandement possible qu’il se fasse une fausse idée de l’anarchie.
    Je ne suis pas politisée pour ma part, mais je pense que ceux qui taggent ce genre de bêtises le sont encore moins. La plupart des gens réagissent comme Lyr : ils les ignorent. S’ils ne sont pas assez malins pour se rendre compte que leur message n’atteint personne, ils le méritent.
    Il n’y a pas que les fachos qui auraient besoin d’aller à la fac. Les tagueurs aussi.

    Un doute m’étreint : comment écrivez-vous « taggueur » ? (si ça s’écrit vraiment) Le mot n’est pas dans mon dico (mais il n’est pas tout jeune).

    Lyr : tout à fait d’accord. Une bibliothèque en mauvais état est un symptôme bien plus grave qu’un graffiti.

    Yufei : Joli, c’est de qui ?

  7. Eh bien, je ne peux hélas dire que c’est de moi car ce serait mentir et se vanter, mais c’est d’un ami très cultivé. Et il l’a peut-être tiré d’autre part, mais ça, je ne sais point 🙂

    Après, pour le débat en cours, je pense ne pas m’y intéresser assez pour pouvoir y participer. Je sais juste une chose : la politique et tout ce qu’il l’accompagne (régime, guerre civile…) ne m’a jamais attiré. Je trouve juste dommage que l’homme est besoin de pouvoir et d’assouvir son espèce. Mais cela, c’est sa nature même donc il faut faire avec ^_^

  8. D’accord avec darkpara

    pour le stalinisme c’est juste une dictature pas franchement de gauche… Staline s’est dit « fils »( j’ai juste le mot en anglais legacy) et a fait un pact avec hurler dc pas spécialement de gauche… La gauche a etait réellement au pouvoir pendant le front populaire, au début des révolution communiste qui ont vite migrées vers du totalitarisme qui n’ont rien des esprit de gauche … A la limite en ce moment il y a des gouvernement de gauche mais opposé le nazisme et le stalinisme c’est ridicule c’est la même chose…
    Quant au contenu c’est vrai quexclure une partie de la population c’est du fachisme dc celui ou celle qui a écrit ce mot est ce qu’il critique …. Mais de toute manière les facho et les gens étroit d’esprit ne viennent pas a la Fac donc pas besoin de les exclure ils sont assez bêtes pour le faire tout seul ^^

  9. @ Pierre : Je crains que tu ne te fasse une idée très « optimiste » de notre jeunesse… Bien sûr que certains « fachos » vont à la fac ! – d’ailleurs, une partie non négligeable des personnes engagées dans la mouvance d’extrême-droite sont, contrairement à ce qu’on pourrait croire, bien plus cultivés que la moyenne… avec une vision biaisée, bien sûr, mais cultivés quand même ! La dynastie Le Pen est d’ailleurs à cette image : ils sont bien plus instruits qu’une bonne partie de leur électorat (et c’est ça qui les rend « dangereux » pour les autres leaders politiques, d’ailleurs…)
    Pour en revenir aux étudiants, les facs les plus à droite sont il me semble les facs de droit – allez savoir pourquoi…

  10. @Ekho : Bon, moi je vais fourbir mon épée en prévision de la prochaine guerre ^_^ Tu nous protegera à distance, je m’occuperais de ta protection rapprochée !

    @Didine : c’est de lui même. Si tu relis attentivement la phrase, c’est ce qu’il dit, que c’est une pensée qui lui est venu. Personnelement, j’ai cette phrase que j’ai « trouvée » il y a des années : « La carence, comme l’excès, sont tout aussi mauvais ».

    @Pierre : tout à fait d’accord pour dire que le Stalinisme et le fascisme sont plus proches que différent. Je ne crois pas qu’on ait jamais vu du véritable communisme sur notre globe. Le communisme connu n’était qu’un nom affiché en façade d’un totalitarisme. Il faut toujours faire attention à ne pas prendre ce que dise les autres pour argent comptant. « République populaire de Chine », la bonne blague…

    @Yufei : tu voulais dire asservir, et pas assouvir, non ?

  11. Je reprends l’argument de Lyr : il est réducteur de vouloir tout classer en « droite » et « gauche ». Cette distinction remonte à la première Assemblée nationale, créée lors de la Révolution française : les familles politiques dominantes s’étaient partagé les côtés (Feuillants, partisans de la restauration de la monarchie, à droite et Girondins et Montagnards, républicains, à gauche) .
    Justement, je proposerais bien « totalitaire » comme une catégorie à part, qui ne relève ni de la droite ni de la gauche (même si tous ces régimes se réclament d’une idéologie quelconque, qu’ils s’empressent de trahir).

    Darkpara : exactement. Mais ils ne sont pas que dans les facs de droit, ou censées être les plus à droite. J’ai été démarchée par un militant du FN à Nanterre, fac traditionnellement de gauche et dans une filière elle aussi plutôt à gauche.

    Ekho : ça m’apprendra à lire, désolée.

    Lyr : ça se rapproche de la devise des épicuriens, « rien de trop ».

    Ekho, Yufei, Lyr : je vous laisse les armes, je fais un stock de nourriture et d’eau et je m’enferme chez moi.

  12. @ Pierre :

    Pour ma part, je parle bien de l’EXTREME gauche (et l’EXTREME droite). Si l’adjectif à sauté dans ton commentaire, je pense qu’on parle de la même chose. Mais c’est pour éviter toute confusion.

    Pour le Stalinisme, on dit effectivement souvent que ça a été une déviance du communisme de base. A priori, je suis assez d’accord. Mais je le suis moins quant on dit que « donc, ce qui s’est passé en URSS n’a rien à voir avec l’extrême gauche ». J’ai la flemme de vérifier, mais il me semble me souvenir (dans mes vieux cours d’histoire) que les différents partis communistes du monde devaient soutenir officiellement le régime de l’URSS. Et a priori, ils l’ont fait. Par ailleurs, le fait de voir comment ont dévié tous les régimes d’extrème gauche (URSS, Chine, Cuba…), je me dit que c’est intrinsèque au communisme. Si l’idée de base est très bonne, elle part du principe que l’Homme est naturellement bon et juste. Or, l’Histoire a prouvé qu’il y en a toujours pour en profiter…

    @ Lyr :

    Mon prof d’histoire de 3eme nous avait dit que dés qu’il y a « populaire » ou « démocratique » dans le nom d’un pays, c’est qu’il est tout sauf démocratique… ^_^

    @ Didine :

    En fait, moi, c’est même toute l’organisation en partis qui me gène… Si je suis pour une politique sociale, un état impliqué dans l’économie, mais contre l’avortement, je fais comment ?! 😀

  13. Ekho : tu me poses une colle.
    Effectivement, la question est intéressante : pourquoi s’organiser en partis ? (et si on pousse : pourquoi s’organiser ?)

  14. Eh bien, le problème, c’est que c’est tout notre système démocratique qui est comme ça : c’est la majorité qui décide. Donc, les idées majoritaires se regroupent en partis, et les partis majoritaires ont le pouvoir.

    Mais si on regarde de près, chaque étape de notre système politique est une « simplification » des idées, en ne gardant que le « plus important » (ou « majoritaire »). Mais on se retrouve facilement avec des aberrations. Un exemple, parmi beaucoup d’autre… Si le parti X est élu à la majorité relative à 36% (avec Y à 33% et Z à 31%) : cela signifie donc que 64% de la population n’aura pas voté pour lui !

  15. « La démocratie est le pire gouvernement à l’exception de tous les autres. »

    Personne ne ressort satisfait d’un compromis – mais pour l’instant, on n’a encore rien trouvé de mieux. Il ne faut pas oublier qu’à l’échelle historique, notre mode de gouvernement est très jeune. Les systèmes sociaux précédents ont duré des milliers d’années, ont connu beaucoup d’évolutions et de changements. On est au début d’une nouvelle ère, alors forcément, on tâtonne. On n’a aucune idée de ce que ça donne vraiment sur la durée.
    D’où aberrations et simplifications. C’est en faisant des erreurs qu’on apprend. A nous de faire mieux que les générations précédentes.

  16. @ Didine : je me permets de récuser ton argument du « petit dernier »… Certes la démocratie telle qu’on la pratique est jeune, mais elle ne sort pas de nulle part, elle est une évolution et un héritage de quantité de systèmes précédents. D’ailleurs, si c’est vrai qu’en France on a tendance à magnifier la Révolution Française (en faisant un raccourci entre 1790 et 1880, comme si la Révolution avait vraiment durablement établie un système démocratique), il suffit de regarder l’histoire d’autres pays pour voir avec quelle relative « facilité » le système actuel s’est enchaîné logiquement à ses prédécesseurs : Angleterre, Norvège, Suède pour rester pas trop loin… On a tendance à croire que ce qu’on appelle l’Ancien Régime, qui en fait ne remonte pas plus loin que l’époque moderne (et non, le moyen âge n’était pas une monarchie « absolue » au sens où on l’entend actuellement !), est antédiluvien, mais…
    Les systèmes actuellement concurrents des divers ordres démocratiques (parce qu’ils sont très différents les uns des autres, hein, la république fédérale des USA a peu en commun avec notre Ve république) ne sont pas nécessairement plus anciens : le principe de « république populaire » date des années 1950, et aucune des monarchies encore dite « absolue » (Arabie Saoudite, Népal) ne fonctionne à l’heure actuelle de la même manière qu’il y a deux siècles.
    Dire donc que notre système actuel est vierge d’expérience alors que ces prédécesseurs « ont duré des milliers d’années », c’est donc d’une part nier que notre système profite de l’expérience de tous les systèmes précédents (nos historiens sont là pour ça !), et d’autre part minimiser les évolutions que ces systèmes ont subi, alors que, de fait, aucun système au sens strict n’a duré « des milliers d’années », tous ayant subi des mutations au moins aussi importante que la Révolution française…
    D’ailleurs, on retrouve des composantes de notre système actuel, certes éparpillées, dans les systèmes politiques même les plus anciens qu’on puisse connaître.

    @ Ekho : je te signale quand même qu’en France, on ne vote jamais pour un parti, toujours pour un individu, ou un lot d’individu. Lorsqu’il sa’git d’un individu seul, le scrutin est à la majorité absolue, ou alors, de manière à diminuer la dispersion des voix, à plusieurs tours (deux en général). Et lorsqu’il s’agit d’un lot (scrutin par liste), il y a la majeure partie du temps une composante proportionnelle dans l’attribution des postes à l’issue du vote. Rien dans la constitution n’oblige quelqu’un a être membre d’un parti pour se présenter (ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays), et il y a d’ailleurs régulièrement des indépendants élus à différents niveaux (bon, OK, à l’échelle locale surtout, parce que, forcément, c’est toujours plus dur d’organiser une campagne tout seul qu’à un millier). Après, si tu ne trouve personne parmi ceux qui se présentent qui soit EXACTEMENT 100% d’accord avec toi sur tous les points possibles et imaginables, tu fais par élimination, jusqu’à trouver celui qui représente la plus grande part de tes opinions. Quitte à participer par ailleurs à des groupes de discussion liés au parti ou à au moins à la mouvance suivant cette personne, pour bien rendre visible ton opinion dans les points de divergence. Ou alors, a te lancer personnellement dans une carrière politique (on n’est jamais mieux servi que par soi-même). Et si vraiment personne n’a un soupçon d’opinion proche de la tienne, alors c’est que l’ordre social n’est pas fait pour toi, et rien ne t’interdit l’ermitage… !

  17. Darkpara : mon post n’était pas clair en matière de références historiques. Bien sûr que nous avons un héritage politique, mais il faut l’adapter à une société qui a énormément changé en très peu de temps. Je ne pense pas à la cassure Ancien régime/Révolution, mais plutôt à la différence d’échelle entre la Révolution néolithique (qui a pris entre 1 000 et 6 000 ans environ selon les régions) et la Révolution industrielle, qui a apporté des changements aussi importants, mais de manière beaucoup plus précipitée (deux siècles, en comptant large).

    Pour moi, nous nous trouvons donc bien dans un monde nouveau, auquel nos gouvernements doivent s’adapter. Je ne récuse pas le fait que la démocratie soit un legs de l’antiquité, ni qu’elle ait énormément évolué et de différentes manières. Mais pour moi, elle est placée devant de nouveaux problèmes.

    En 2007, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la population urbaine a dépassé en nombre la population rurale. En matière de technologie, de communication, de moyens de déplacement, de problèmes écologiques… La liste est longue. Notre société a énormément changé en très peu de temps.

    Notre système n’est pas vierge d’expérience, heureusement, ça va nous être utile. Il a déjà dû se remettre en question, s’adapter, et il va devoir le faire à nouveau.

    P. S. : je ne faisais pas référence à la Révolution française, j’ai beaucoup de réserves à son sujet et je suis très loin de la glorifier.

  18. Il est sûr que la société évolue de plus en plus rapidement.

    Pour ce qui est de s’organiser en partis, même si ce n’est pas une obligation légale, c’est une obligation de fait. De plus, la loi sur le remboursement des frais de campagne favorise aussi les partis, car un candidat qui reçoit plus de 5% des voix a sa campagne remboursée 10x plus qu’un candidat qui reçoit moins de 5% (soit à peu près 8M€ si plus de 5%, contre 800k€ sinon). si cette loi a l’avantage de favoriser les regroupement (en opposition à l’éclatement en une multitude de candidats), elle a l’inconvénient de favoriser les gros parti, qui peuvent faire plus de pub et donc (ce donc est soumit à l’hypothèse que la pub « marche ») recueillir plus de voix. De plus, il faut recueillir 500 signatures d’élus, ce qui est à la limite de l’impossible pour un individu lambda.

    Donc bref, il y a une obligation de fait d’appartenir à un parti. Or, vu le nombre de personnes dans un parti, pour être à la tête du parti, et au vu de la nature humaine, il faut se « battre », et pas toujours forcement à la loyale. Bref, les requins montent. Du coup, il ne faut pas s’étonner des personnalités que l’on se retrouve à élire : c’est le système qui provoque ça… On ne trouvera jamais un idéaliste honnête à la tête de l’état, il n’arrivera pas à la tête de son parti.

    D’un autre coté, la critique est facile, et j’ai n’ai pas grand chose d’autre de mieux à proposer. Le fait d’éviter un éclatement du nombre de candidats et d’empêcher le premier venu de se présenter a aussi ses avantages non négligeables. dur, dur…

  19. @ Dark Para :

    En fait, ce n’était pas une critique, mais juste un constat. Les différentes étapes de notre système politique me semblent « lisser les idées » au travers des compromis. Et si effectivement, tu vote souvent pour une personnalité (ou une liste), elle a la pression et les engagements du parti qui est derrière elle. Donc, l’un dans l’autre, ça reste une electino pour un « package d’idées ». Et c’est ça qui me gène.

    Après, comme tu dis, il y a des groupes de discutions, ou toujours la possibilité de se présenter soi-même. Et j’avoue que le fait de m’engager dans la vie politique à l’échelle locale m’a déjà éfleurée. Mais comme Lyr, pour l’instant, je critique mais je ne fais rien… Et j’avoue que ma foi en la politique en général a tendance à diminuer au fur et à mesure du temps…

  20. @Lyr : « Et si l’ultra gauche c’est la regularisation de tout par l’état » Cela peut aussi être l’extrême droite la régularisation de tout par l’état. Les dictatures à droite sont souvent comme cela.

    @Ekho : En ce qui concerne le nombre de victimes, c’est incomparable pour la raison que les durées pendant lesquelles ces régimes ont gouverné sont très différentes. Les nazis ont fait 6 millions de morts en l’espace de moins de 10 ans alors que le communisme a régné pendant plus de 50 ans.

  21. C’est vrai. Il y a une différence d’échelle temporelle. Mais aussi de surfaces, de « populations dominées », de contexte de guerre ou pas, etc… A mon avis, ça reste comparable si on souhaite les comparer. Sinon, ce genre de chose ne peut jamais l’être, il il ne peut pas y avoir débat…

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