Kepler-452b
Sans doute avez-vous entendu parler de la nouvelle annoncée par la NASA la semaine dernière : la découverte de Kepler-452b, une exoplanète qui serait cousine de la Terre ! Mais qu’en est-il ?
Kepler-452b a été détectée par le satellite du même nom, mis en orbite en 2009, en vue de traquer les planètes extra-solaires. La méthode de détection de celles-ci est indirecte : elle consiste à étudier la fluctuation de luminosité d’une étoile pour en déduire les planètes qui gravitent autour (et donc qui passent devant l’astre). Cela permet d’en tirer la taille et la distance à l’étoile de là-dite planète. A l’heure actuelle, plus de 1000 exoplanètes sont recensées et le satellite Kepler aurait détecté plus de 5000 fluctuations encore à analyser.
Si Kepler-452b fait autant de bruit, si elle surnommée « cousine de la Terre », c’est car elle lui ressemble par de nombreux points :
- Son diamètre fait 1.6 fois celui de la Terre, soit ~ 10’000km, pour un volume qui est donc 4 fois supérieur à celui de notre planète bleue ;
- Elle fait le tour de son étoile en 385 jours, une année 5% plus longue que la nôtre ;
- Son soleil est du même type que le nôtre (type G2), à peine 10% plus brillant
- Compte tenu de sa taille et de sa distance à son étoile, il y a 1 chance sur 2 pour qu’elle soit rocheuse (par opposition aux planètes gazeuses telles que Jupiter par exemple) ;
- Elle est située dans la « zone d’habitabilité ».
Qu’est-ce que la zone d’habitabilité ? La vie sur une planète (en supposant qu’elle soit similaire à celle sur Terre, donc à base de carbone) nécessite plusieurs facteurs, dont notamment de l’eau à l’état liquide. Pour avoir de l’eau liquide, il faut encore différents facteurs 1, mais en particulier une plage de températures précises (sans parler de conditions de pression, que l’on suppose similaires à la terre, pour une planète qui lui est similaire). Pour obtenir lesdites conditions de température, la planète en question doit recevoir une quantité suffisante (mais pas excessive) d’énergie de son soleil, ce qui se retrouve paramétré par deux facteurs en particulier : la puissance de l’étoile et la distance entre la planète et l’étoile. Pour être plus précis, l’énergie reçue de l’étoile par la planète est proportionnelle à la puissance de l’astre et inversement proportionnel au carré de la distance qui les sépare. Pour conclure, la zone d’habilité part d’une hypothèse forte (et un poil égocentrique) : l’énergie reçue par la planète considérée doit être proche de l’énergie reçue par la Terre.
Tout ça pour dire que cette planète ressemble donc beaucoup à la terre. Pour autant, pour abriter une vie similaire à celle de la planète bleue, Kepler-452b doit avoir une activité volcanique, un noyau métallique en mouvement (ce qui génère la magnétosphère qui nous protège des rayonnements cosmiques), une atmosphère, et bien sûr les ingrédients de base de la chimie organique (éléments et conditions) indispensables à la vie carbonée.
Envie d’aller voir de plus prêt ? Kepler-452b est à 1’400 années lumières de la Terre. Et pour rappel, la vitesse de la lumière, c’est ça ! A cette vitesse, il faudrait donc 14 siècles pour y parvenir (environ 45 générations humaines successives) ; idem pour envoyer ne serait-ce qu’un signal. Réciproquement, si on voyageait à la vitesse la plus rapide atteinte par l’homme à ce jour, il nous faudrait 25 millions d’années 2 !
Et attendez, je n’ai pas fini de vous donner le vertige.
Kepler-452b est plus âgée que la Terre de 1.5 milliard d’années ! Dans les actualités, on entend certains se demander si cette planète pourrait abriter une civilisation compte tenu de ses conditions propices à la vie. Et d’autres qui évoquent le fait que cette planète pourrait nous renseigner sur le futur astronomique et géologique de la Terre. Mais je trouve interessant de se poser ces deux questions en même temps !
Je m’explique…
Imaginons que Kepler-452 ait suivit un processus de formation de la vie très similaire à la Terre. Une civilisation similaire à l’humanité d’aujourd’hui pourrait donc y avoir émergé il y a 1.5 milliard d’années ! Ce nombre est simplement vertigineux !!! A cette époque, la vie sur notre planète se résumait à des paquets de cellules dans les océans 3. Dans son équation, Drake considère qu’une civilisation vit environ 10’000 ans avant de s’effondrer ; si Kepler-452b abrite bien des êtres conscients, ils en sont peut-être à leur 150’000ème civilisation successive (et, à l’heure actuelle, bon nombre d’entre elles n’auraient laissé que des vestiges… fossilisés) ! On considère globalement que l’homo sapiens est apparu il y a 6 millions d’années ; sur Kepler-452b, 250 lignées aurait pu s’y succéder à ce jour.
Autant se dire que si une civilisation est née il y a 1.5 milliards d’années et ne s’est pas effondrée, il nous est strictement impossible ne serait-ce que d’imaginer ce à quoi elle peut ressembler aujourd’hui…
Sources :
LeMonde.fr
Compte Twitter officiel de Kepler
Zone d’habitabilité sur Wikipedia
Temps géologiques sur Wikipedia
14 générations pour les spectateurs sur terre, beaucoup moins pour les passagers si on imagine que l’on peut frôler la vitesse de la lumière 🙂
Merci pour avoir rassembler toutes ces informations, c’est toujours un plaisir de te lire!
Tient ! Salutations Rico, ça fait plaisir ! 🙂
Petite erreur dans ton commentaire : il s’agit de 45 générations.
Mais tu as tout à fait raison : à des vitesses relativistes, il faudra nettement moins de générations successives à bord de l’hypothétique vaisseau. D’après un petit calcul, en voyageant à 80% de la vitesse de la lumière, le trajet ne durerait relativement « que » 840 ans, soit 28 générations successives (quand même).
Et merci à toi pour le compliment. 🙂