Vice-versa
Cette semaine, je suis allé voir « Vice-versa », le dernier Pixar, au cinéma. Et j’ai a-do-ré !
Bon, d’accord, il n’est pas exempt de défaut, et je ne sais pas si c’est le meilleur Pixar (je ne les ai pas tous vu, de toute façon), mais c’est un excellent film que je vous recommande chaudement, pour petits et grands.
Le pitch est le suivant : Riley est une petite fille de 12 ans, que l’on suit au travers du fonctionnement de son esprit. Dans celui-ci, au niveau du centre de contrôle, ce sont cinq personnages incarnant des sentiments qui sont aux commandes : Joie (la tête de file), Tristesse, Peur, Dégoût et Colère. Ce sont eux qui « pilotent » les actions/réactions de Riley et accumulent les souvenirs les plus agréables possibles, afin d’alimenter l’ensemble de la machinerie, en particulier les « îles de personnalités » qui représentent les principaux traits de caractère de Riley (passer du temps en famille, jouer au hockey sur glace, faire des bêtises…). Mais un jour, Riley déménage : elle abandonne son ancienne vie et découvre un environnement nouveau et inquiétant. Cela se traduit pas une éjection de Joie et Tristesse du centre de contrôle ; celles-ci n’auront alors de cesse que d’y revenir pour faire que Riley redevienne elle-même.
Il va m’être très difficile de vous en dire plus, et ce à cause de la principale force et de la principale faiblesse du film :
- D’un coté, le scénario est assez prévisible. On est dans un Pixar/Disney, et l’histoire se déroule telle qu’on peut se l’imaginer au premier abord. C’est un peu dommage à mon sens car il ne suffisait de pas grand chose pour complexifier un peu plus le scénario. Ou inversement, il aurait pu être raccourci au profit du second point (ci-dessous). Car je dois admettre que certains passages en milieu de film m’ont paru un peu longs (c’est ici mon avis d’adulte, les enfants suivront avec plaisir les péripéties de Joie et Tristesse).
- De l’autre coté, le film fourmille d’idées géniales ! Et c’est la raison pour laquelle il mérite d’être vu, et même revu. Certaines sont hilarantes, d’autres astucieuses, d’autres encore invitent à la réflexion. Beaucoup ne sont qu’effleurées… C’est extrêmement frustrant pour moi car une partie de l’intérêt du film est justement de découvrir cette myriade d’idées ; du coup il m’est impossible d’en dire plus. Mais j’en débattrais avec plaisir dans les commentaires, si vous le souhaitez…
Je n’ai mis aucune bande annonce dans cet article, car je les trouve très mal faites. La première est trompeuse car elle montre la seule scène du film où l’on a un aperçu de l’esprit de plusieurs protagonistes différents. La seconde n’apporte pas grand chose et spoile quelques bons gags.
Parmi les quelques reproches que j’ajouterais, il y a le personnage de Bing-Bong, l’ami imaginaire de Riley qu’elle a tendance à avoir relégué au fond de sa mémoire, alors que celui-ci n’aspire qu’à jouer de nouveau avec elle. Si le personnage est clairement destiné à faire rire les plus petits, il peut s’avérer lourd pour les adultes…
Dernier petit reproche, même si c’est uniquement survolé, il semble que tout le monde dans le film soit guidé par les mêmes 5 sentiments de base. Je trouve ça un peu réducteur.
Vice-versa se propose d’illustrer de manière originale la difficulté que rencontre une petite fille face à de gros bouleversement dans sa vie. De nombreux concepts sont abordés et imagés : les sentiments, leurs rôles et leurs articulations, mais aussi l’importance et la nature des souvenirs (et de la mémoire 1 ) ainsi que leur gestion. Certains sujets sont peu triviaux, tels que le subconscient. L’ensemble, s’il est simplifié et pas forcément totalement hyper cohérent, est extrêmement ingénieux.
Et force à la réflexion !
Finalement, que sommes-nous ? Qu’est-ce qui nous compose ? Nos souvenirs nous définissent-ils ? Ou nos sentiments ? Comment interviennent-ils dans notre vie quotidienne ? Toutes ces questions sont intelligemment amenées.
Et à cela, le spectateur ajoutera immanquablement la question un peu plus fantaisiste suivante : et dans mon propre esprit, comment ça serait ?! Quels seraient mes sentimens-pilotes ? Mes îles de personnalité ?
Le film traite de la manière dont Riley fait face à son déménagement, mais on y trouve aussi en filigrane l’évolution d’une petite fille vers l’adolescence. En cela, ce dernier Pixar (2015) reprend beaucoup de thèmes des premiers, à savoir la trilogie Toy Story 2. Et là encore, on trouve d’excellents gags doublés de sujets de réflexion.
En conclusion, Vice-versa est un petit bijou qui regorge d’idées fantastiques. S’il n’est pas parfait et propose notamment un scénario très basique et des personnages enfantins, c’est son univers et la myriade d’excellentes idées (certaines à peine effleurées) qui en font un excellent film. Il aurait sans doute gagné à réduire un peu son intrigue principale au profit du développement de certaines idées juste évoquées dans le métrage. Mais cela ouvrira sans doute la voie à un futur second opus…
Petit teaser sur Vice Versa 2 (dont la production confirme la dernière phrase de cet article).
A ne regarder que si vous avez vu le premier film !
https://youtu.be/M2KD2O9lSuA
On est allés le voir il y a 2 jours, on a bien aimé. Et concernant les bandes-annonces, je suis entièrement d’accord avec toi : elles sont mauvaises. Pire, en ce qui me concerne, elles ne m’avaient pas du tout donné envie d’aller voir le film ! J’ai donc été très agréablement surprise par ce Vice-versa.
Avant le film lui-même, on a eu droit à un court métrage, Lava, nous narrant l’histoire d’amouûûûûûr entre 2 volcans, tout en chansons. Là par contre je n’ai pas aimé, je l’ai trouvé dégoulinant de guimauve. L’as-tu vu aussi ?
/!\ La suite du commentaire contient des spoilers.
Je te rejoins sur la plupart de ton analyse. Dommage que certaines bonne idées n’aient pas été exploitées et que le scénario reste si prévisible. C’est d’autant plus dommage que l’histoire ne s’adresse pas tellement à de tout jeunes enfants. Le passage de l’enfance à l’adolescence, le fait de laisser derrière soi une part de son imaginaire et des traits de personnalité typiquement enfantins (l’île des bêtises est la première à disparaître et ne reviendra pas), l’apparition d’émotions plus complexes (les « billes de souvenirs » deviennent bicolores à la fin, alors qu’au début elles sont d’une seule couleur) ce sont des thèmes qui parleront à des enfants de 10 ans ou plus, je pense. Donc à des enfants qui sont capables de comprendre un scénario plus complexe.
Sinon une remarque : la joie, la tristesse, la peur, le dégoût et la colère sont des émotions, plutôt que des sentiments. Généralement, on considère que ce sont les 5 émotions de base. Parfois on en rajoute une 6ème : la surprise.
Tout le monde m’a parlé de ce court métrage, mais non… On ne l’a pas eu à notre séance ! Je ne comprend pas trop pourquoi.
Oui, le film reste dans un entre-deux un peu précaire : distiller plein de bonnes idées mais ne faire que les effleurer… Après, j’imagine que c’est beaucoup plus facile de lancer une idée en l’air sans forcément la creuser, que de lui trouver une cohérence et une utilité. Enfin, on verra dans le 2…
C’est aussi ce que j’ai entendu dire. J’avoue que je n’avais pas cherché plus que ça. Je vais creuser un peu le sujet…
Dimanche dernier, j’ai (enfin) de nouveau regardé cet excellent dessin-animé, grâce à l’ami Romain qui m’en a offert le DVD à l’occasion de mon dernier anniversaire…
Et je l’ai presque préféré au premier visionnage ! ( C’est d’ailleurs un phénomène que j’ai observé plusieurs fois ces derniers temps, le dernier cas étant Starwars VII ; il semble que l’absence de surprise, et donc de potentielle déception, cède la place à une plus grande appréciation des points positifs du film re-visionné. )
Voici la réponse que je me ferais à moi-même sur les quelques points négatifs que je détaillais dans l’article ci-dessus :
– Le film s’éssouffle un peu dans sa partie centrale, en se concentrant plus sur le côté « cartoon » et « aventure » des péripéties de Joie et Tristesse –> Il y a forcément une dimension dédiée aux enfants dans ce film, mais j’avoue que ça ne m’a pas choqué au second visionnage.
– Le personnage de Bing-bong est un peu lourdingue –> Là encore, ça m’a beaucoup moins choqué ! S’il est enfantin, ce personnage est finalement moins caricatural que Joie et Tristesse (qui plus que caricaturales, sont surtout et par définition des stéréotypes) ; par ailleurs, c’est le seul personnage du film autour duquel il y a réellement des enjeux (on peut craindre pour sa « vie » dés sont apparition, étant un ancien ami imaginaire presque déjà oublié…).
– Certaines idées ne sont qu’éfleurées, le scénario prend trop de place et est trop simple –> C’est vrai que le scénario est sans surprise, mais cet aspect négatif disparaît forcément au second visionnage. D’ailleurs, le second visionnage permet d’apprécier diverses autres idées et allusions qui ne sautaient pas aux yeux lors du premier (par exemple, le « train de la pensée », qui lui-même embarque et mélange parfois les « faits » et les « opinions »…). Réciproquement, je ne sais pas si un scénario plus complexe améliorerait vraiment le film. Ce que je veux dire par là, c’est que la mise en image de l’esprit d’une filette de 11 ans peut-être relativement simple par rapport à une adolescente ou une adulte… Dans ces derniers cas, cela serait peut-être trop complexe, ou carrément incohérent car impossible à organiser simplement. On verra, s’il font réellement un second opus…
PS : dans mon DVD figurait le fameux court-métrage Lava. C’est mignon, même si le « happy end » est presque décevant.