La Roue du Temps, saison 1
J’en parlais il y a quelques temps, la première saison de la Roue du Temps est sortie ! Adaptée d’une (énorme) saga de fantasy bien connue des amateurs, que vaut à mon sens cette première partie de la série proposée par Amazon Prime Video ? Petite critique totalement subjective ci-dessous.
Attention aux spoilers ! La suite de cet article risque de vous divulgacher spoiler une partie de l’œuvre. Mieux vaut donc continuer cette lecture si vous avez déjà connaissance de son contenu, ou si vous ne souhaitez pas vous en garder toutes les surprises. Il n’y aura pas de grosse révélation directe (elles seront masquées, à vous de les afficher manuellement) mais de légers spoilers sont à craindre au fil de l’article.
Note préliminaire : j’ai autrefois lu une partie des livres. J’en ai donc des souvenirs assez vacillants (certains sont très clairs, d’autres beaucoup plus flous) et surtout incomplets (je m’étais arrêté à un tiers de la saga totale).
Vous trouverez le pitch de cette immense saga de fantasy en suivant le lien ci-dessus.
Donc, sans plus tarder, que vaut cette série ?
Pour moi, cette première saison fut un trés grand plaisir à suivre ! Si elle n’est pas exempte de défauts, elle reprend avec brio les premières péripéties de la saga, fidèle à son univers et en respectant son scénario.
Histoire & Personnages
L’histoire est très plaisante à suivre, que ce soit pour moi qui la connaissais déjà et la retrouvait avec émotion, mais également pour mon épouse qui ne la connaissait pas. Evidement, certains évènements sont éludés (comme le détail du fonctionnement du Pouvoir, les éléments, le saidin et la saidar, le tissage…), raccourcis ou simplifiés afin de correspondre au format d’une série TV ; certaines portions de l’histoire sont même accélérées (comme l’évocation trés tôt de Tar Valon, des aiels ou des vaisseaux de l’Ouest…). Et si l’on peut parfois le regretter, ce sont des sacrifices necessaires et compréhensibles. Je trouve néanmoins dommage que certaines portions de la saison soient assez lentes (presque trop) tandis qu’elle sont compensées par certaines facilités scénaristiques (par exemple : la raison de se rendre à Oeil du Monde, ou la manière dont on apprend finalement l’identité du Dragon Réincarné).
Les personnages sont plutôt réussis. Si leur transposition des livres à l’audio-visuel ne peut correspondre à ce que chaque lecteur avait pu s’imaginer, ils restent néanmoins fidèles à leurs descriptions littéraires. Pour n’évoquer que les personnages princpaux :
- Moiraine et Matt me semblent les plus réussis ;
- Rand et Perrin ont encore à gagner un charisme et profondeur ;
- Nynaeve et Egwen ne sont pas aussi insupportables que dans les livres (Dieu merci !) ;
- J’imaginais Lan plus impressionnant mais pourquoi pas.
Les acteurs, sans être époustouflants, sont crédibles dans leurs rôles. Il leur faudra néanmoins peut-être inspirer davantage d’empathie dans les saisons à venir.
Notons que la série contient énormément de diversité ethnique : blancs, noirs, jaunes, métis… Et pour moi, c’est une excellente idée, et une trés haute réussite, tant c’est rare…! On peut être étonné d’une telle diversité dans un univers médiéval fantastique fortement inspiré de l’europe ou du moyen orient. Mais pour ma part, j’explique cela par la rotation de la Roue du Temps elle-même, qui implique d’immense mouvements de populations de manière régulière.
Sur la forme…
Le première chose qui marque en regardant la Roue du Temps, se sont les paysages époustouflants ! Des vues aériennes des montagnes des Deux Rivières à la Forteresse de Fal Dara, de la cité de Tar Valon aux Chemins 1 des Ogiers, de la brèche de Shadar Logoth aux rives de l’Ouest… Vraiment rien à redire à ce niveau.
Dans les effets spéciaux, il y a à boire et à manger. Globalement, on peut dire qu’ils sont honnètes, mais finalement assez irréguliers, si bien que l’on se demande parfois si le budget astronomique de la série a été bien géré…
Globalement, tout ce qui est relatif aux effets numérique est tout à fait acceptable, pour ne pas dire franchement joli. En particulier, la manière de représenter la magie est tout à fait réussie, entre subtilité et effets destructeurs. On appréciera la symbolique des fils pour illustrer le Pouvoir, en parfait raccord avec les descriptions des livres. Les effets de la magie sont plutôt bien gérés (tels la destruction du bac) ainsi que certaines créatures numériques (comme les Myrddraals)
La photographie est variable. De manière globale, elle est satisfaisantes. Mais j’ai en mémoire certaines nuits américaines 2 particulièrement moches (à Shadar Logoth, par exemple) !
Les costumes sont assez inégaux aussi. Si les robes des Aes Sedai ou les tenues des paysans sont tout à fait crédibles, on peut avoir plus de doutes sur les accoutrements du Peuples Voyageur ou les tuniques blanches immaculées des Fils de la Lumière. J’ajoute un bémol néanmoins sur les robes de Aes Sedai, qui sont systématiquement de la couleurs de leur ajah d’origine, alors qu’il ne s’agit que de chales colorés dans les livres ; une telle systématisation des couleurs sur l’ensemble de leurs habits donne un rendu un peu ridicule, en particulier lors des scènes dans le hall de Tar Valon, où elles sont justement regroupées par ajahs.
Les maquillages sont plutôt bons, et intelligement exploités puisque les créatures necessitant un maquillage avancé (tels les trollocs) sont généralement montrés de nuit ou dans l’ombre. Un contrexemple regrettable est l’ogier Loial, dont le rôle (enjeux et finalités) est assez mal géré et dont le rendu à l’image est… franchement laid !
La gestion des foules est elle aussi assez inégale. Certaines scènes sont tout à fait crédibles, voires impressionnantes (je pense à l’attaque des Deux Rivières, ou le convoi du Peuple Voyageur). Tandis que d’autres sont filmées en plans resserés, ne montrant que quelques figurants probablement pas plus nombreux que ce que l’on voit à l’écran (la bataille de Fal Dara, ou la libération de Logain).
Les combats sont bien gérés. Sans laisser de souvenirs époustouflants, leurs chorégraphies m’ont semblées crédibles.
Enfin, moi qui suis généralement amateur de musiques de films, je doit dire qu’avec cette série… je ne suis vraiment pas servi ! Ses musiques sont simplement oubliables, car peu inspirées. En esperant que le compositeur trouvera une muse dans les saisons suivantes.
Conclusion
Je le redis, j’ai passé un trés bon moment devant cette série, et je ne peux que vous conseiller de vous y plonger.
Ces qualités sont nombreuses, et elle vous immergera dans un monde de fantasy original, crédible, et globalement magnifique. Et si vous accorchez, rien ne vous empechera de vous plonger dans les livres, complètent et approfondisse ce que la série montre.
A ce propose, j’ai tout de même été intrigué par deux aspects montrés dans cette première saison et qui s’éloignent de la saga littéraire :
Et vous ? Avez-vous vu cette première saison ? Qu’en avez-vous pensé ?
Ressources
- Les sous-titres de la série semblent utiliser la nouvelle traduction de la saga. Ainsi, les Voies sont devenu les Chemins, le Pouvoir Unique devient le Pouvoir de l’Unique, etc. C’est un peu déroutant pour qui a lu les livres d’origine.[↑]
- Application d’un filtre bleu sombre à des images tournées de jour pour simuler la nuit.[↑]
Moi au contraire, j’ai beaucoup aimé les costumes. Sur ce point, une vidéo intéressante sur le sujet : https://www.youtube.com/watch?v=t5_bcJ1SzPM
Et je n’ai pas aimé la magie. La représentation sous forme de fils, nickel, mais les effets d’explosions m’ont semblé tout nuls. Je veux dire par là, je n’avais pas l’impression que la magie provoquait les explosions, mais qu’elle enfouissait une mine qui explosait alors (explosion venant du bas)
A part ça, j’ai eu le même sentiment qu’avec Dune : la série est un magnifique support visuel aux livres. Quand tu connais les deux, les ellipses ne sont pas un problème car tu sais ce qu’il s’est passé, et la série donne un encrage visuel fort et beau aux parties représentées, le tout se complétant pour une expérience bien chouette.
En fait, c’est variable. Je me suis fait exactement la même réflexion que toi (des gros pétards cachés sous 10cm de terre) pour la bataille des fidèles de Logain qui attaquent le camp des Aes Sedai. Mais cette bataille est particulièrement pauvre en effets je trouve, à croire que le budget était vraiment limité sur ce passage (c’est également à elle que je pensais, quand j’évoquais les quelques figurants sensés représenter une foule).
Mais pour d’autres passages, comme la prison de Logain, ou Moiraine contre les Trollocs aux deux rivières, c’est quand même impressionnant, non ?
La protection de Fal Dara par les 5 femmes également ! [Hors-sujet] Même si je trouve que les résurrections sont un peu répétées et faciles dans cette première saison, point que je n’ai pas abordé dans mon article ci-dessus.
Interessante, en effet.
Mais je reste sur ma position pour les costumes… D’ailleurs, elle le mentionne elle-même :
Comme toi, j’avais commencé à lire il y a longtemps la sage de la Roue du Temps, sauf que j’ai abandonné plus tôt que toi. J’avais lu ce qui correspond à cette première saison (le premier tome ?), puis quelques chapitres de la suite. Dans mon souvenir, les principales caractéristiques de la Roue du Temps, c’était ça :
– un premier tome qui développait une intrigue ultra classique en fantasy et maintenant passée de mode (la fantasy s’est énormément diversifiée, et c’est tant mieux) : le seigneur ténébreux du mal très méchant qui avait été enfermé mais revient aussi voire plus pire méchamment qu’avant et un héros ado orphelin dont le destin est de s’opposer à lui.
– mais, venant largement contrebalancer ce point, un univers très riche, original, fouillé, qui semble de plus en plus développé et prendre son importance au fil des tomes. Ma lecture arrêtée très tôt ne m’a pas beaucoup fait profiter de cet aspect-là, mais on ne peut en nier l’existence : c’est un univers très riche.
– un personnage principal fadasse (Rand). D’autres personnages masculins plus intéressant (Mat, Perrin, Lan). Des personnages féminins creux et insupportables. Qui m’avaient donné l’impression que l’auteur avait voulu écrire des personnages féminins forts de façon maladroite, au lieu d’écrire des être humains intéressants et forts et qui soient féminins. Je ne sais pas trop comment exprimer ça. Une impression d’immaturité dans la vision des femmes. Ce point est extrêmement important pour moi : si les personnages d’une histoire, que ce soit roman film, BD, série ou autres, ne me touchent pas, même si l’univers est fabuleux et l’intrigue bien ficelé j’aurai du mal à m’y intéresser.
– une source de magie genrée qui diffèrent entre homme et femme. Là aussi, pour moi ça coince : je déteste toute forme d’essentialisme
– un prologue très frappant
– une intrigue principale, des intrigues secondaires, tertiaires, quaternaires et… c’est lent, c’est long, ça prend son temps.
Après visionnage de la série, je l’ai trouvé assez fidèle au souvenir du peu que j’ai lu de la série. C’est à la fois heureux et malheureux !
Côté personnages, Rand m’a semblé toujours aussi fade. Mat très intéressant et très bien joué (j’avais lu quelques part que l’acteur va changer, dommage). Lan également. Perrin, en revanche, je suis moins convaincue par l’acteur. Côté personnages féminins, je t’accorde qu’elles sont un peu moins insupportables, mais ça reste assez creux. C’est frappant au départ, les héros masculins montrent une sorte de fragilité très intéressante dans leurs relations avec leur entourage : Rand est assez touchant avec son père ; Mat a ses petites soeurs qu’il protège ; Perrin a femme et bébé. Nynaeve et Egwene sont super fortes et puis voilà.
Côté intrigues et sous-intrigues et lenteur du scnénario, je trouve que les élagages qui ont été faits sont plutôt une bonne chose. Il y a quelques passages assez lents, mais pas trop non plus.
On « sent » aussi que le monde est complexe, sans trop noyer le spectateur : dans l’ensemble je trouve que c’est un bon équilibre.
Beaucoup apprécié aussi la diversité éthnique. C’est de plus en plus le cas (comme autres séries avec beaucoup de diversité, je pense à The Expanse, ou encore à Foundation) et c’est en effet une excellente chose.
Concernant ton premier spoiler, je pense que c’était une bonne idée, c’est efficace. On comprend tout de suite le côté politique et son coût humainement, coller davantage aux livres aurait sûrement demandé davantage de temps à l’écran sans faire avancer le reste.
Pour réagir à vos commentaires, pour les costumes je suis assez partagée. Ceux des personnages de Deux Rivières me semblent étranges, ça manque d’homogénéité pour des gens qui viennent du même endroit. Pour les Aes Sedai, d’un côté je trouve que c’est bien qu’on échappe au cliché « c’est un univers vaguement moyenâgeux, tout le monde est habillé en couleurs ternes », de l’autre ça fait effectivement un peu ridicule ces tenues de la couleur de l’Ajah.
Je n’ai pas regardé la video sur les costumes, je le ferai quand j’aurai le temps.
Pour la magie, les fils sont très bien, ça colle à l’univers. J’ai bien aimé aussi qu’on voit la souillure du Saidar avec les fils dorés qui deviennent tout noirs tout moches. Pour le reste je ne sais pas trop, je ne suis pas fan des effets où ça explose de partout de manière générale, et représenter la magie est toujours un exercice très casse-gueule. A vrai dire je ne vois pas d’exemple de film/série où la représentation de la magie serait parfaite.
A propos de fils, personne n’a pas parlé du générique !
C’est clairement pas le plus important pour une série, mais je l’ai trouvé très bon. Il colle parfaitement à l’univers. Par contre, j’ai dû l’expliquer à monsieur : comme il n’avait rien lu des livres, le générique lui était incompréhensible.
Bon ! Il était temps de s’attaquer à ce gros pavé d’Eldermê ! (Beaucoup de retard à ma charge, certes… mais toujours moins que le dernier email qu’elle m’avait promis. :-D)
Eldermê à écrit :
Ca dépend des éditions françaises. Mais en édition originale, c’est bien le premier tome, grosso modo.
Je te le confirme à 200% ! Le premier tome n’offre qu’un trés léger aperçu de l’ensemble de ce monde.
Je pense que moi, moins… Si l’univers m’y aspire, les personnages peuvent me paraitre secondaire, sans que cela me dérange.
J’avoue… Je suis allé jeter un oeil à la fiche Wikipédia de l’Essentialisme. 😀 Je n’ai fait que la survoler, mais contrairement à toi, je pourrais bien être moi-même essentialiste.
Ca, je ne te dirai pas le contraire, vu que c’est peut-être ce qui m’avait fait décrocher à l’époque. Et si tu avais déjà cette impression dés le tome 1… diantre ! 😮
Oui et non… Il est aussi dit que Nynaeve a subit un traumatisme étant enfant (abandon et exil), même si je ne me souvenais pas de cela dans les livres.
Je suis d’accord !
Il faudrait que je le revoie (un soir où je serai seul à la maison, avec le cerveau sur off)… mais il me semble que la magie dans le film World of Warcraft tenait bien la route visuellement. Dans les « Doctor Strange » (Marvel), ça tient bien la route aussi.
Exact ! Alors, peux-tu nous transcrire ton explication à monsieur ?! Pour ma part, on y retrouve toute la symbolique du tissage et de la grande trame du monde. Et au final, cela dessine les différentes ajah. Y as-tu vu autre chose ?
Pourquoi penses-tu être essentialiste ?
De ce que j’en comprend, je ne le suis pas, perso. Je ne pense pas que les entités puissent être réduites à un sous ensemble de leurs attributs, en tout cas pas de manière universelle. Par exemple, « c’est le propre des femmes de pouvoir avoir des enfants ». Ba ouais, mais non, certaines femmes ne peuvent pas avoir d’enfants, d’autres sont farouchement opposées à l’idée, etc. Elles restent des femmes pour autant.
Après c’est bien pratique pour traiter globalement de problèmes, mais faut faire attention à ne pas gommer les différences non plus. Sauf à vouloir normer fortement la société, et tant pis pour ceux qui ne rentrent pas dans les cases…